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Autisme et changement d'heure - quand une heure de décalage bouleverse le quotidien des plus sensibles

  • Photo du rédacteur: Claro
    Claro
  • il y a 14 heures
  • 6 min de lecture

Cette année, le changement d'heure m'a particulièrement perturbée. Il m'a fallu quatre jours et trois nuits pour retrouver un sommeil et un "ancrage" dans le temps presque normal, et pendant cette période, je n'ai rien pu faire de productif. Ce passage de l'heure d'été à l'heure d'hiver, qui paraît anodin pour certains, a complètement chamboulé mon rythme. Pour les personnes autistes, cette transition peut être bien plus qu'une simple adaptation : c'est un véritable défi qui touche à l'équilibre même de notre quotidien.


Autisme et changement d'heure

En réalité, plusieurs facteurs rendent le changement d’heure complexe. Notre horloge biologique, ce fameux rythme circadien qui régule notre cycle veille-sommeil, est souvent plus sensible aux variations externes. Alors que pour d'autres, une heure en moins ou en plus peut être compensée en quelques jours, chez nous, ce bouleversement peut se traduire par des nuits agitées, des journées sans repères, et un sentiment constant de décalage, comme si l'on vivait dans un autre fuseau horaire. Pendant ces quatre jours, mon sommeil était fragmenté, mes routines désorganisées, et chaque tâche quotidienne me demandait un effort immense (je n'ai donc pas fait grand chose, et ne pas faire grand chose c'est tout aussi compliqué quand on déborde d'énergie mentale).



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Pourquoi le changement d’heure est-il si perturbant ?

Plusieurs études mettent en évidence la sensibilité accrue des personnes autistes aux changements de rythme, notamment à cause d'une horloge biologique souvent déréglée par rapport à la norme. Ce rythme circadien, responsable de notre régulation veille-sommeil, peut être particulièrement rigide et moins adaptable chez les personnes autistes. Lorsqu’on recule ou avance d’une heure, c’est comme si on "forçait" notre corps à s’adapter à un décalage qui n’est pas naturel pour lui.


Et ce n’est pas tout. Le changement d’heure ne perturbe pas seulement le sommeil, il vient aussi chambouler les routines. Pour beaucoup de personnes autistes, les routines sont un pilier essentiel qui apporte stabilité et sécurité. Quand cette routine est bouleversée par un changement d’heure, cela peut provoquer une grande anxiété et un sentiment de perte de contrôle. Cette rupture dans la continuité de nos habitudes est difficile à gérer, et souvent, il nous faut plusieurs jours pour retrouver un état de "normalité".


Pendant ces jours de transition, le sommeil est souvent perturbé, et cela a des répercussions sur tout le reste. Pour moi, chaque réveil est une épreuve, et il m’est difficile de comprendre où j’en suis dans la journée. Ce manque de repères temporels génère un flou constant, une impression d’être "hors du temps", ce qui rend toute tâche productive quasiment impossible. Même les activités simples deviennent épuisantes, car chaque effort de concentration est perturbé par la fatigue et l’anxiété liées au manque de sommeil.


De plus, le manque de sommeil entraîne de l’irritabilité, de l’anxiété, et parfois même des symptômes dépressifs. Cette année, j’ai vraiment ressenti un impact émotionnel : l’impression d’être constamment en décalage, comme si mon corps et mon esprit n’étaient plus alignés avec le monde extérieur.


Quelques pistes pour mieux vivre le changement d’heure

(Que je n'oublierai pas l'année prochaine 😅)


Il existe quelques astuces pour en atténuer l’effet du passage d'heure d'été à l'heure d'hiver, comme commencer à adapter ses horaires de sommeil et de repas quelques jours avant la transition, en décalant progressivement les routines. Cela peut sembler minime, mais cette petite adaptation aide le corps à anticiper la transition et rend le choc un peu moins brutal.


Dès le matin, s’exposer autant que possible à la lumière du jour pour aider son horloge interne à se synchroniser. Le soir, éviter les écrans et privilégier des activités calmes pour préparer son corps au sommeil. Ce n’est pas une solution miracle, mais cela aide à retrouver un certain équilibre.


Le changement d’heure peut être est une véritable épreuve pour les personnes autistes. Cette année, il m’a rappelé à quel point notre bien-être dépend d’un équilibre fragile entre sommeil, routine et stabilité.



La solution serait d'arrêter ce "truc" qui date de l'air du charbon !

Le changement d'heure a été instauré à l'époque où l'économie reposait en grande partie sur les besoins en énergie fossile, et aujourd'hui a perdu une bonne partie de sa pertinence. À l'ère du charbon, on pensait que décaler les heures pour maximiser la lumière naturelle réduirait la consommation de bougies puis, plus tard, d’électricité. Mais aujourd'hui, avec les modes de vie modernes, les éclairages LED à faible consommation et le télétravail, ce changement semble plutôt créer des désagréments, surtout pour ceux d'entre nous dont le rythme est plus sensible.


De plus, de nombreux pays et régions ont déjà abandonné ce système, reconnaissant qu’il perturbe plus qu’il n'aide. Une abolition du changement d’heure permettrait à tout le monde, et en particulier aux personnes neuroatypiques, de maintenir des routines cohérentes et un sommeil plus stable tout au long de l’année. On serait gagnant, tout simplement, en revenant à une heure fixe qui respecterait davantage nos rythmes naturels.


Pour les petits curieux, voici la petite histoire de ce changement d'heure :

L’idée du changement d’heure remonte à bien plus loin qu’on pourrait le croire ! C’est au XVIIIᵉ siècle que le concept est mentionné pour la première fois par Benjamin Franklin, l’inventeur et diplomate américain. En 1784, il publie une lettre humoristique dans un journal parisien, suggérant que les Parisiens pourraient économiser de la bougie en se levant plus tôt pour profiter de la lumière du jour. Mais il ne proposait pas un changement d’heure officiel, juste une idée farfelue pour faire rire !


Il faudra attendre le XXᵉ siècle pour que l’idée devienne une véritable politique. Pendant la Première Guerre mondiale, les nations belligérantes cherchaient toutes les façons possibles de réduire la consommation de charbon, notamment pour alimenter les industries d'armement. En 1916, l'Allemagne décide d'instaurer un changement d’heure pour économiser le charbon en optimisant l’usage de la lumière naturelle. Le Royaume-Uni suit rapidement, puis d’autres pays européens, et les États-Unis en 1918.

Après la guerre, l’idée tombe quelque peu en désuétude, mais elle refait surface pendant la Seconde Guerre mondiale pour les mêmes raisons d’économie d’énergie. En France, par exemple, l’heure d’été est réintroduite en 1940 sous l’occupation allemande.


Dans les années 1970, la crise pétrolière redonne un coup de pouce au concept, et de nombreux pays adoptent de nouveau le changement d'heure pour économiser de l’énergie. C’est là qu'il devient une pratique courante et durable. On pensait alors que ce changement pourrait réduire la consommation électrique en réduisant le besoin d’éclairage artificiel en soirée.


Avec les avancées technologiques et les modes de vie modernes, les avantages énergétiques supposés se sont peu à peu réduits. Les études récentes montrent d’ailleurs que les économies d’énergie liées au changement d’heure sont très faibles, voire négligeables dans certains cas. Voici quelques chiffres pour illustrer cette réalité :


  1. En France, l'ADEME (Agence de la transition écologique) a estimé qu'en 2009, le passage à l'heure d'été permettait une économie d'environ 440 GWh, soit une baisse de la consommation électrique totale d’environ 0,07 %. En 2018, cette économie était estimée encore plus faible : environ 351 GWh, soit 0,05 % de la consommation totale, essentiellement sur l’éclairage. Les économies sur le chauffage et la climatisation, elles, sont quasi inexistantes.

  2. Aux États-Unis, une étude de 2008 commandée par le Congrès américain après l’extension de l'heure d'été (qui débute plus tôt et se termine plus tard qu'en Europe) a révélé des économies annuelles d’énergie d’environ 0,03 %. La réduction d'éclairage était légèrement compensée par une hausse de la consommation en climatisation et en chauffage, ainsi que par un usage accru d’appareils électroniques en soirée.

  3. En Europe, la Commission européenne a également étudié l'impact énergétique du changement d'heure et a conclu que les économies d'énergie réalisées étaient faibles et en déclin constant en raison de l’évolution des modes de consommation et des technologies d'éclairage. Un rapport de 2019 a estimé que ces économies atteignaient moins de 0,1 % de la consommation d’électricité totale de l'Union européenne.


Pourtant, ce système a persisté, et de nombreux pays continuent de l’adopter chaque année, même si les débats sur son abolition ne cessent de revenir, surtout en raison des impacts sur la santé et les rythmes de vie.

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