Et si l’autisme laissait une trace dès la naissance ? Vraiment ?
- Atypique World
- il y a 3 jours
- 3 min de lecture
Récemment, j'ai lu un article publié sur le site Astuces Infos qui relayait une étude japonaise intrigante. Elle suggère que l’autisme pourrait laisser une sorte d’empreinte dans le sang… dès la naissance. Evidemment, j’ai voulu aller voir ce qu’il y avait derrière ce titre un peu magique. Résultat: c’est intéressant, mais on est loin de pouvoir diagnostiquer un bébé avec une goutte de sang de cordon.
L’étude en question
L'article parle d’une recherche menée à l’Université de Fukui au Japon, qui a analysé le sang de cordon ombilical de plus de 900 enfants. Les scientifiques ont mesuré le taux de différentes molécules, et ont mis le doigt sur une en particulier : le 10,11-diHETre, un dérivé d’acide gras. Ce taux, mesuré à la naissance, serait corrélé à des symptômes plus tardifs de type TSA, évalués vers l’âge de six ans.
Il y aurait même une différence entre les garçons et les filles dans cette corrélation, ce qui soulève d’autres questions sur la manière dont le cerveau se développe différemment selon le sexe biologique (et ça, c’est pas nouveau, mais c’est rarement intégré dans les protocoles de recherche sur l’autisme).
Ce que ça veut dire concrètement
Ce que l’étude montre, c’est un lien statistique, une corrélation, entre la présence de certaines molécules et certains profils développementaux observés quelques années plus tard. Mais ça ne veut pas dire qu’on peut diagnostiquer l’autisme à la naissance, ni qu’on a enfin trouvé « la cause biologique » de l’autisme. D’ailleurs, les chercheurs eux-mêmes le précisent. Ce n’est pas un test diagnostic, ce n’est pas une preuve, c’est une piste. Une hypothèse à explorer.
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Et entre nous, des pistes, dans le monde de la recherche sur l’autisme, on en a déjà suivi un paquet. Certaines se sont révélées intéressantes, d’autres étaient de vraies impasses. Il faut rester prudent·e.
Je trouve ça à la fois fascinant et inquiétant. Fascinant, parce que si un jour on pouvait repérer plus tôt certains profils neurodéveloppementaux, cela permettrait d’adapter l’environnement dès le départ. Moins de galères à l’école, moins de rendez-vous à rallonge, moins de parents perdus, moins d’enfants en souffrance. Clairement, ça ferait du bien.
Mais inquiétant aussi. Parce que dès qu’on parle de dépistage prénatal ou néonatal, la tentation de «détecter pour corriger» n’est jamais loin. Et ça, dans une société validiste et peu formée à la neurodiversité, c’est un vrai risque. On le voit déjà avec les discours qui entourent l’autisme : quand il n’est pas nié, il est pathologisé, quand il n’est pas pathologisé, il est instrumentalisé. Alors, un test à la naissance, dans ce contexte-là, ce serait une fausse bonne idée.
Ce que cette étude ne dit pas sur l'autisme
L’étude ne dit pas que l’autisme est une maladie. Elle ne dit pas non plus que tous les autistes ont ce fameux acide gras en excès et elle ne dit rien sur les causes de l’autisme. Elle s’intéresse à un marqueur potentiel, un indice parmi d’autres.
Mais l’article qui en parle sur Astuces Infos laisse entendre, sans vraiment le dire, qu’on pourrait presque diagnostiquer l’autisme dès la naissance, et ça, c’est un peu trop vendeur à mon goût. C’est comme si on disait « on a presque trouvé la clé », alors qu’en fait, on vient à peine d’apercevoir un trou de serrure sur une des portes du couloir.
L’étude japonaise ouvre une piste intéressante, et il faut la prendre pour ce qu’elle est : un pas de plus dans la compréhension du cerveau, pas une révolution diagnostique. Si tu es parent, si tu es concerné·e par l’autisme, ou simplement intéressé·e par la science et la neurodiversité, garde l’œil critique et la curiosité allumée.
Voici le lien vers l'article en question :
Astuces Infos Au format PDF :
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