L’autisme, une autre race d’humain ?
- Atypique World
- 9 juin
- 3 min de lecture
C’est une question que beaucoup de personnes concernées se posent à un moment donné, souvent en silence. Parfois avec douleur, parfois avec fierté, souvent avec un mélange étrange des deux : Et si on était une autre race d’humain ?

Ce n’est pas une provocation. Ce n’est pas non plus une théorie pseudo-scientifique. C’est une tentative de mettre des mots sur ce décalage permanent que ressentent beaucoup de personnes autistes, depuis l’enfance, dans leur manière de penser, de ressentir, de vivre en société. Ce sentiment d’être à la fois humain et… pas tout à fait pareil.
Mais qu’en est-il vraiment ?
Biologiquement parlant, non. L’autisme ne crée pas une autre race.
Le terme "race" n’a pas de fondement scientifique chez l’humain moderne. Tous les humains font partie de la même espèce, Homo sapiens. Et dans cette espèce, il existe une immense variabilité génétique, neurologique, sensorielle et cognitive. L’autisme fait partie de cette variabilité.
Il ne s’agit donc pas d’un autre type d’humain, ni d’un groupe séparé du reste de l’humanité. Les personnes autistes ont un cerveau humain, un corps humain, une génétique humaine. Rien ne les distingue "en nature" des autres. Il n’existe aucun "code génétique autiste" ni mutation spécifique universelle.
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Mais ce que les recherches récentes confirment, c’est que le développement cérébral des personnes autistes suit un chemin différent. Notamment dans la manière dont les réseaux neuronaux se connectent, dont les informations sensorielles sont traitées, ou encore dans les systèmes de régulation émotionnelle et sociale. On ne parle pas ici d’un "défaut", mais d’une autre configuration neurologique, qui modifie la manière de percevoir le monde.
Alors… une autre humanité ? Une autre branche ? Une évolution ?
Pas exactement. Mais peut-être une variation profonde, suffisamment marquée pour influencer tout un mode d’être.
L’autisme, comme d’autres formes de neurodivergence, semble exister depuis toujours. Des figures historiques, des penseurs, des artistes ou des inventeurs, ont été ensuite "reconstruits" comme probablement autistes. Bien sûr, on ne peut jamais en être certain, mais cela renforce l’idée que le spectre autistique n’est pas nouveau. Ce n’est pas une maladie moderne. C’est une forme de fonctionnement humain présente dans l’histoire, dans les mythes, dans la transmission des idées.
Il est donc possible de considérer l’autisme non comme un accident, mais comme un profil de l’humanité. Un des nombreux chemins que le cerveau humain peut emprunter pour exister.
Et si c’était une composante cachée de notre survie collective ?
Certains chercheurs, anthropologues et penseurs autistes suggèrent une hypothèse intéressante : l’évolution humaine a besoin de diversité cognitive.
Dans une tribu, il faut des personnes attentives aux sons, aux dangers, aux détails. Il faut des personnes capables d’obsession constructive, de pensée rigide mais précise, de retrait pour réfléchir, de refus du mensonge. Il faut des inventeurs, des archivistes naturels, des observateurs, des sentinelles, des empathes atypiques.
L’humanité aurait donc toujours compté sur des profils très différents pour survivre, innover, transmettre, protéger. Et l’autisme pourrait être l’un de ces profils. Pas supérieur, pas inférieur, mais complémentaire. Une intelligence parallèle, pas forcément visible dans les normes scolaires ou sociales, mais précieuse pour l’équilibre du groupe.
Être autiste, c’est être humain. Mais différemment.
Cette différence, elle peut être souffrance. Elle peut être solitude. Elle peut aussi être puissance, créativité, liberté. Cela dépend du contexte, de l’environnement, du regard posé sur soi.
Si le monde actuel fonctionne en majorité selon des règles neurotypiques, il n’est pas illégitime de ressentir que vivre en tant qu’autiste, c’est vivre comme un exilé dans sa propre espèce. Ce n’est pas de la victimisation. C’est une réalité vécue par beaucoup. Une réalité où les codes sociaux sont flous, les émotions mal lues, les sons trop forts, les normes absurdes, et les efforts permanents.
Mais cela n’efface pas l’humanité de l’autiste. Cela la recompose autrement.
Alors non, l’autisme n’est pas une autre race.
Mais c’est une autre manière d’exister dans l’espèce humaine. Une variation stable, identifiable, souvent héréditaire, profondément ancrée dans le développement cérébral. Une forme de présence au monde qui ne cherche pas à imiter, mais à être.
Et si on cesse de vouloir comparer pour hiérarchiser, alors on peut commencer à comprendre que la différence autistique n’est ni un handicap mental, ni un super-pouvoir (si, un peu quand même 😜), ni une aberration de la nature. C’est un mode d’être. Un autre plan de perception. Une autre dynamique. Une autre ligne dans la partition de l’humanité.
Et toi qu'en penses-tu ?
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