top of page

Pica : Manger ce qui ne se mange pas

Comprendre le Pica

Il existe des comportements alimentaires qui déroutent, inquiètent, et sont parfois mal compris par l’entourage ou même par les professionnels. Le Pica en fait partie. Ce trouble, encore largement méconnu du grand public, consiste à manger de façon persistante des substances qui ne sont pas destinées à l’alimentation. Il ne s’agit pas d’un caprice ni d’une curiosité passagère, mais bien d’un trouble du comportement alimentaire reconnu et documenté.


Pica

Le mot « Pica » vient du latin et signifie « pie », cet oiseau connu pour picorer un peu tout et n’importe quoi. Le nom est bien choisi, car les personnes concernées peuvent consommer de la terre, du papier, du plastique, du savon, des cheveux, de la craie, ou encore des bouts de tissu. Ce comportement doit durer depuis au moins un mois pour être considéré comme un Pica, et ne pas s’inscrire dans une pratique culturelle ou religieuse (comme l’ingestion d’argile dans certains rituels).


Le Pica peut apparaître à tout âge, mais on l’observe plus fréquemment chez les jeunes enfants, les femmes enceintes, les personnes ayant une déficience intellectuelle ou des troubles du neurodéveloppement. Ce comportement n’a rien d’anodin : au-delà de la gêne sociale, il peut provoquer des complications graves comme des intoxications, des occlusions intestinales ou des carences.


L’origine du Pica reste encore floue. Dans certains cas, il pourrait être lié à une carence en fer ou en zinc, que l’organisme chercherait inconsciemment à combler. Dans d’autres, il s’agirait d’un comportement répétitif rassurant, comme un mécanisme de régulation émotionnelle ou sensorielle. La recherche s’accorde à dire que le Pica ne peut être compris sans prendre en compte l’environnement, les besoins sensoriels et les spécificités de la personne concernée.



Les publicités nous permettent de maintenir le blog - Merci de votre compréhension

Si vous cliquez, c'est 1 centime pour le blog



Le diagnostic repose sur une observation attentive des comportements, souvent en collaboration avec l’entourage. Le traitement dépend des causes identifiées. Il peut s’agir d’un accompagnement nutritionnel, d’un travail sur la régulation sensorielle, ou d’un soutien psychologique. La priorité reste la sécurité de la personne, en réduisant les risques liés à l’ingestion de substances dangereuses.


Le diagnostic du Pica est posé par un professionnel de santé, généralement un médecin. Selon les cas, cela peut être :

  • un médecin généraliste, qui repère les signes et oriente vers les bons spécialistes

  • un pédiatre, surtout chez les enfants

  • un psychiatre, notamment si le Pica s’inscrit dans un cadre plus large (trouble neurodéveloppemental, déficience intellectuelle, trouble du comportement alimentaire)

  • un neuropédiatre ou pédopsychiatre, en cas de suspicion de TSA ou de troubles associés

  • un centre de diagnostic TND (comme un CRA), si le Pica est un des éléments observés dans un contexte de troubles neurodéveloppementaux


Ce diagnostic repose sur l’observation clinique et sur l’entretien avec l’entourage, mais aussi parfois sur des examens médicaux complémentaires (bilan sanguin, imagerie en cas de complications, etc.).


Quand consulter

Il est important de consulter un professionnel de santé si :


  • La personne avale régulièrement des objets ou substances non alimentaires depuis plus d’un mois

  • Ce comportement persiste malgré l’âge ou ne semble pas relever d’une simple phase de découverte

  • L’ingestion concerne des objets dangereux (piles, plastique dur, savon, produits ménagers…)

  • Il y a eu des épisodes d’occlusion intestinale, des vomissements inexpliqués ou des douleurs abdominales

  • La personne est autiste ou présente un trouble du développement, et semble utiliser ce comportement pour se calmer, se stimuler ou se rassurer

  • L’entourage s’inquiète ou ne parvient pas à empêcher la répétition du comportement


Mieux vaut consulter même en cas de doute. Le Pica peut parfois être banalisé ou mal interprété, alors qu’il cache souvent un besoin réel non exprimé. Plus le diagnostic est posé tôt, plus les réponses proposées seront adaptées et sécurisantes pour la personne concernée.



Pica et autisme

Un comportement fréquent

Chez les personnes autistes, le Pica est un comportement relativement fréquent, bien qu’il reste peu abordé en dehors des cercles spécialisés. Il ne s’agit pas d’un signe d’autisme en soi, mais d’une co-occurrence fréquente. Ce comportement peut apparaître dès la petite enfance et persister à l’âge adulte s’il n’est pas pris en charge.


Chez une personne autiste, le Pica peut répondre à plusieurs besoins ou fonctions. Il peut servir à réguler une surcharge sensorielle, apaiser une angoisse, ou apporter une stimulation sensorielle recherchée. Certains enfants peuvent aimer mâchonner du tissu ou sucer de la craie pour le goût, la texture ou la sensation que cela leur procure. Pour d’autres, il s’agit d’un rituel rassurant, d’un moyen d’organiser un environnement perçu comme imprévisible.


Ce comportement est parfois renforcé par une hypo ou hypersensibilité sensorielle, fréquente dans l’autisme. Un enfant qui perçoit moins bien les signaux de son corps peut avaler des objets sans ressentir de douleur ou d’inconfort immédiat, ce qui rend la prévention plus difficile. D’un autre côté, une hypersensibilité buccale peut inciter à mâcher ou ingérer certains matériaux pour en moduler l’intensité.

Le traitement du Pica chez une personne autiste repose avant tout sur la compréhension de ce qui le motive. Il ne suffit pas de l’interdire. Il faut chercher à comprendre à quoi il répond, proposer des alternatives sensorielles ou émotionnelles adaptées, et travailler avec la personne concernée plutôt que contre elle. L’accompagnement peut inclure des objets à mordre sans danger, un soutien psychomoteur, un suivi en ergothérapie, ou une adaptation de l’environnement.


Le Pica ne doit jamais être interprété comme un comportement intentionnel ou perturbateur. Il peut être le signe d’un besoin réel, d’un mal-être ou d’un manque d’outils pour exprimer un inconfort. Dans le cadre de l’autisme, il est essentiel que les professionnels soient formés à ces spécificités et que les familles soient accompagnées sans jugement.




Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
Logo Atypique World

SAS Atypique World

©atypiqueWorld 2023 - 2025

Siret 982 631 541 00017 RCS Orléans

  • Youtube
  • alt.text.label.Instagram
  • alt.text.label.Facebook
bottom of page