La loi de Brandolini et les conneries sur l’autisme et le TDAH - Un combat perdu d’avance mais on y va quand même !
- Atypique World
- 18 juil.
- 3 min de lecture
Tu veux savoir pourquoi je suis épuisée après avoir passé trois heures à expliquer que non, le TDAH ce n’est pas juste "zapper une réunion" et que non, l’autisme ce n’est pas "être timide et aimer les dinosaures" ? Eh bien, bienvenue dans la loi de Brandolini. Un nom classe pour un truc qui nous bouffe l’énergie : démonter des idées fausses, c’est un boulot à temps plein. Et c’est mal payé. Zéro euro, zéro reconnaissance, parfois même une bonne dose de mépris.

La loi de Brandolini, c’est ce principe qui dit que il faut dix fois plus d’énergie pour démonter une connerie que pour la balancer. C’est pas moi qui l’ai inventée, c’est un programmeur italien (merci mec, t’as mis des mots sur ma fatigue chronique). En gros, il suffit de deux secondes pour dire "le TDAH c’est une excuse à la flemme", et il me faut trente minutes, un tableau, trois études, un témoignage et un lexique pour dire "non, c’est un trouble neurodéveloppemental, voici comment ça fonctionne".
Et encore, même quand je l’explique bien, y a toujours quelqu’un pour dire "oui mais bon, t’as quand même l’air normale". Merci, au revoir, je vais pleurer dans un coin sensoriellement safe.
Le festival des absurdités
Parlons un peu des perles qu’on entend tous les jours. Je t’en mets quelques-unes en vrac, ça te donnera l’ambiance :
"On est tous un peu autistes, non ?"
"Le sucre rend hyperactif, il faut arrêter les bonbons."
"Le TDAH, c’est parce que les enfants ne sont plus élevés correctement."
"T’as été vaccinée ? Moi je dis ça, je dis rien..."
"Mais t’as un copain ? Ah bon, les autistes peuvent aimer ?"
"Vous êtes trop intelligents pour être handicapés." (celle-là, c’est mon best of perso.)
Et la cerise sur le gâteau : TikTok. D’un côté, c’est cool, y a plein de jeunes qui s’identifient, qui découvrent qu’ils sont neuroatypiques, qu’ils ne sont pas seuls. De l’autre côté, c’est devenu une foire au n’importe quoi. Y a des gens qui pensent qu’avoir du TDAH, c’est juste être rigolo et éparpillé, et qu’être autiste, c’est être un génie froid qui regarde fixement dans le vide en comprenant tout mieux que les autres mais qui vit hors connecté au réel. Pas étonnant que les vrais diagnostics soient mal compris après.
Démonter les conneries est un sport de haut niveau
Quand tu vis avec un cerveau câblé différemment, tu t’imagines peut-être que ton quotidien, c’est déjà bien assez chargé. Eh ben non. En bonus, tu dois éduquer la Terre entière. Tu passes ton temps à expliquer, reformuler, déminer, corriger. Parfois tu expliques calmement, parfois tu t’énerves, parfois tu n’expliques plus du tout. T’as beau dire la vérité, avec des sources, des études, un vécu réel, on préfère croire Tonton Roger ou une story Instagram.
Et puis, c’est pas juste une affaire de mots. C’est de l’énergie mentale. De la charge émotionnelle. C’est devoir rester polie quand t’as juste envie de dire "ferme-la, sérieusement". Parce qu’on sait que si on s’énerve, on va passer pour des hystériques. Et si on explique trop, on va passer pour prétentieuses. Et si on se tait, on laisse la bêtise s’installer. Bienvenue dans la double contrainte permanente.
Avec les années, j’ai appris à ne pas répondre à tout. Avant, je me lançais dans des débats sans fin sur Facebook, je faisais des infographies, je répondais aux commentaires même absurdes. Maintenant ? J’envoie un lien vers mon blog ou un podcast et je me casse. Ma santé mentale passe avant la pédagogie collective. Ça ne fait pas de moi quelqu’un de paresseuse, ça fait de moi quelqu’un d'épuisée.
Parfois, j’utilise l’humour. Parfois je fais de l’ironie. Parfois je fais semblant de ne pas avoir entendu parce que dans ce monde saturé de bullshit, gérer ses réponses, c’est un mécanisme de survie.
Alors non, la loi de Brandolini ne va pas s’annuler par miracle. Les bêtises vont continuer à pleuvoir. Mais on peut choisir comment y réagir. On peut créer des espaces de vérité, des blogs, des chaînes, des livres, des podcasts. On peut soutenir les autres qui en ont marre. On peut dire à voix haute que non, ce n’est pas normal de devoir sans cesse se justifier pour exister.
Et même si c’est épuisant, je vais continuer à parler. Parce que si on ne parle pas, ils parlent à notre place.
Et entre une vérité imparfaite et un mensonge bien ficelé, moi je choisis la vérité même si elle prend plus de temps à expliquer.
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