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Mon amie la Fée Mélatonine est elle une arnaqueuse ?

Dernière mise à jour : 9 mai

Mélatonine

Prendre de la mélatonine en supplément pour régler ses problèmes de sommeil est-ce une bonne idée ?


Imagine une petite fée qui, chaque soir, voyage dans ton corps pour te murmurer : "Il est temps de se reposer". Avec sa baguette magique, elle te plongerait dans un sommeil profond et réparateur en quelques secondes. Cette fée, c'est la mélatonine. Miracle de la nature et présente chez tout être humain. Cette dernière est produite par une petite glande dans ton cerveau dès que la lumière du jour commence à baisser, signalant à ton corps que le moment est venu de se préparer à dormir.


Grâce à elle, tu fais de Morphée ton amie pour la nuit. Cette gentille fée, parfois, ne remplie pas son rôle correctement.


Un grand nombre de personnes autistes ou TDAH prennent de la mélatonine en complément pour améliorer leur sommeil. Cette molécule nous est présentée comme miraculeuse et le remède à nos nuits en enfer. Car oui, quand on souffre de troubles du sommeil, les nuits se transforment en véritables épreuves et conduisent bien souvent à développer d’autres pathologies comme la dépression, le diabète ou encore l’obésité.


Qu'est ce que la Mélatonine ?

La mélatonine a été découverte en 1953 et isolée pour la première fois en 1958 par le médecin américain Aaron B. Lerner et ses collègues de la faculté de médecine de l'université de Yale. Ils ont donné son nom à la substance en raison de sa capacité à éclaircir la couleur de la peau des grenouilles en inversant les effets assombrissant de la peau de l'hormone stimulant les mélanocytes(1).


Ce n’est que dans les années 70 qu’a été établi le lien entre mélatonine et rythme circadien ( cycle de 24 heures ).


La mélatonine est une hormone sécrétée durant la nuit par une glande située au centre du cerveau. Elle est connue pour réguler l’horloge biologique interne, incluant le rythme d’éveil/sommeil.


L’horloge biologique interne est influencée par deux facteurs environnementaux :

1) le cycle de lumière/obscurité (p.ex. la lumière du soleil)

2) les rythmes sociaux (interactions sociales, exercice, heure des repas).


Le cerveau n’est pas le seul a sécréter cette hormone, puisque le système digestif, les poumons, les reins et la rétine en sécrètent également. De ce fait, en plus de réguler le sommeil et l’éveil, la mélatonine influence également les mouvements intestinaux, et la régulation des systèmes immunitaire et reproducteur.


La mélatonine a des propriétés anti-âge. Par exemple, elle agit comme un antioxydant, neutralisant les radicaux oxydatifs nocifs, et est capable d'activer certaines enzymes antioxydantes. La production de mélatonine diminue progressivement avec l'âge et sa perte est associée à plusieurs maladies liées à l'âge. La mélatonine joue également un rôle dans la modulation de certaines fonctions du système immunitaire.


La Fée Mélatonine est donc, elle aussi, notre amie pour la nuit !!


Comment fonctionne la fée Mélatonine dans ton cerveau ?


la fée mélatonine

C’est à cette hormone que nous devons d’avoir un sommeil réparateur. l’Action de ce neurotransmetteur est similaire à celle d’un somnifère, on lui donne aussi le nom « d’ hormone du sommeil ».


Dans l’obscurité, elle est produite par la glande pinéale, logée dans l’épithalamus, au-dessus du cerveau moyen. Cette glande n’est pas plus grande qu’un petit pois. La mélatonine, hormone produite par la glande pinéale à partir de la sérotonine, une autre hormone, nous assoupit en passant dans le sang.


La plupart du temps, la sécrétion du neurotransmetteur débute entre 19h30 et 21h30 et s’accélère ensuite très rapidement. L’envie de faire un méga dodo nous gagne alors brusquement. Dans un corps sain, le taux de mélatonine grimpe durant la nuit. De manière générale, il atteint son pic entre 1 heure et 3 heures du matin, avec de légères variations en fonction des saisons.


La production de mélatonine redescend le lendemain matin, avec le retour de la lumière. Nous quittons Morphée alors peu à peu. Le taux de mélatonine dans le sang, qui chute aux premières heures de la journée, retombe quasiment à zéro vers 9 heures. Il reste généralement à ce faible niveau tout au long de la journée. L’hiver, sous l’effet du manque de lumière, il peut toutefois légèrement augmenter pendant la journée. Conséquences possibles : une sensation de fatigue, voire un état dépressif.


Les cycles du sommeil

Les cycles du sommeil

En réalité, même si l’on a l’impression de dormir « d’une seule traite », le sommeil se décompose en plusieurs cycles, comprenant chacun 3 phases :


  1. le sommeil lent léger

  2. le sommeil lent profond

  3. le sommeil paradoxal


L’activité cérébrale varie d’une phase à l’autre.

  • Le sommeil lent léger commence dès l’endormissement et dure quelques minutes. Il s’agit de la transition entre l’éveil et le sommeil. Ici, la qualité de l’endormissement est directement liée à l’activité de l’organisme pendant la journée, mais aussi à l’horloge interne.

  • Puis, le sommeil lent profond contribue à ralentir le métabolisme du cerveau et la consommation d’oxygène. Pendant cette phase qui dure plusieurs dizaines de minutes, les muscles se relâchent davantage et les réveils sont moins fréquents. Le sommeil profond est très présent pendant la première partie de la nuit, pour ensuite laisser la place au sommeil léger.

  • Pendant le sommeil paradoxal, de plus courte durée, le tonus musculaire est extrêmement faible mais le cerveau est presque aussi actif que durant la journée. C’est pendant cette phase qu’ont lieu les rêves et les mouvements oculaires rapides (Rapid Eye Movement). On observe aussi des changements dans la pression artérielle et la fréquence respiratoire.


Chaque cycle dure environ 90 minutes et se répète entre 3 et 5 fois par nuit. À noter que la durée des différentes phases peut varier d’une personne à l’autre. On remarque notamment qu’avec l’avancée de l’âge, le sommeil se fait de plus en plus léger et le sommeil paradoxal de plus en plus court.




 

Les troubles du sommeil chez les personnes autistes

Un peu de science


Troubles du sommeil

On a constaté, chez les personnes autistes, une anormalité dans les niveaux et l’action de la mélatonine et de certains neurotransmetteurs, comme le récepteur de l'acide gamma-aminobutyrique (GABA) et la sérotonine. Le GABA est un neurotransmetteur inhibiteur qui intervient également dans le cycle du sommeil. Il agit sur les régions du cerveau qui favorisent le sommeil. Certaines études portent à croire que l'action du GABA dans ces zones du cerveau est perturbée chez les personnes TSA. D'autres études indiquent que le taux anormal de mélatonine chez les personnes TSA serait attribuable à une déficience dans une enzyme à base de sérotonine, l'ASMT (acétylsérotonine Ométhyltransférase), essentielle à la synthèse de la mélatonine.


On a également observé un déséquilibre dans la régulation de la mélatonine, principale hormone agissant sur le sommeil. Normalement, les taux de mélatonine augmentent pendant la nuit et diminuent durant la journée, en raison de la lumière du soleil. Mais chez les individus autistes, le taux de mélatonine augmente le jour et diminue durant la nuit, ce qui engendre l’insomnie et une somnolence diurne.


Les personnes autistes ont fréquemment des problèmes de sommeil. Nous pouvons passer des heures à chercher cette gentille Morphée et une fois que nous l’avons trouvée, elle nous échappe. Nous retournons alors la chercher de nombreuses fois pendant notre nuit. Environ 80% des jeunes autistes rapportent des perturbations de leur sommeil. Les problèmes les plus communs incluent une courte durée du sommeil ainsi que des symptômes d’insomnie, tels que la résistance au coucher, des éveils fréquents pendant la nuit et un délais prolongé d’endormissement. Les causes des problèmes de sommeil chez les personnes autistes sont multifactorielles, et comprennent des facteurs biologiques, psychologiques, et sociaux. Bien que la mélatonine soit utilisée de manière sécuritaire pour améliorer le sommeil des personnes autistes, son mécanisme d’action est encore mal compris.


Les effets de la mélatonine sur l’anxiété

L’anxiété est une comorbidité souvent présente chez les autistes. Elle est connue pour contribuer aux perturbations du sommeil des individus neurotypiques et autistes. Une étude à large cohorte incluant des enfants et adolescents autistes a montré que l’anxiété était associée à plusieurs types de problèmes de sommeil, comme la résistance au coucher, le délai d’endormissement, l’anxiété associée au sommeil et les éveils nocturnes. L’intérêt concernant l’utilisation de la mélatonine afin de diminuer les symptômes d’anxiété est en croissance. Plusieurs études animales récentes sur le stress chronique ont montré que la mélatonine pouvait diminuer significativement les comportements anxieux des animaux testés. Des essais cliniques réalisés chez l’humain ont comparé l’utilisation de la mélatonine à celle d’un sédatif pour réduire l’anxiété lors d’une opération. Ils ont trouvé que la mélatonine pouvait être aussi efficace qu’un sédatif pour réduire l’anxiété des enfants et des adultes. Malgré ces résultats prometteurs, aucune étude n’a encore regardé l’effet de la mélatonine sur l’anxiété des personnes autistes.




 

Alors, la fée Mélatonine est elle une arnaqueuse ?


La fée mélatonine

La mélatonine est souvent utilisée pour améliorer les problèmes de sommeil. Cette neurohormone semble être prometteuse pour améliorer d’autres problèmes de santé qui sont souvent présents chez les autistes, tels que l’anxiété, la douleur, trouble de traitement sensoriel, et les problèmes gastro-intestinaux. Toutefois, des études avec des personnes autistes sont nécessaires afin d’étudier les effets thérapeutiques potentiels de la mélatonine.


Nous avons vu plus haut, que les personnes autistes ont souvent une production de mélatonine plus faible ou désorganisée. Un apport supplémentaire en mélatonine est donc fortement conseillé afin de compléter ce manque et de nous aider à passer des nuits en compagnie de Morphée et de profiter d’un sommeil réparateur.


Pour les enfants, la prescription de mélatonine est encadrée par la médecine et ce complément est souvent préparé en fonction de l’enfant. Une forme spécifique de mélatonine, largement prescrite pour les enfants de plus de deux ans par les pédiatres, psychiatres ou même les médecins généralistes, est remboursée par la Sécurité Sociale quand elle est prescrite par un médecin.


Une fois adultes, seuls les compléments achetés en pharmacie ou autres commerces sont disponibles. Il est donc difficile de faire un choix éclairé parmi tous les produits et formes proposées.

Toutefois, nous devons aussi prendre en compte les autres facteurs tels que l’anxiété, le stress ou les éléments environnementaux. Il est recommandé d’apprendre à gérer ces points pour nous aider à préparer nos nuits et donc nous reposer pleinement.




 

Douce nuit

Pour compléter

Etat de la législation et des recommandations pour la vente et la consommation de la mélatonine

En France, la consommation de mélatonine est autorisée à moins de 2 mg/jour. Au-delà de quoi, doit-elle être considérée non plus comme un supplément, mais comme un médicament à visée thérapeutique. Un produit, donc, uniquement prescriptible par des professionnels de la santé. C'est du moins la position prise par l'Anses ou l'Agence nationale de sécurité sanitaire. Et pour cause, si l'on a longtemps relativisé les effets indésirables de la mélatonine, de nombreuses et récentes études ont, au contraire, pu démontrer l'existence de risques éventuels sur la santé. Brusques sautes d'humeur, migraines, fort risque de somnolence, dysfonctionnements du système hormonal… la liste est longue.


C'est la raison pour laquelle l'Anses a publié en 2018 des recommandations d'utilisation. Lesquelles préconiseraient à certaines catégories de population, de ne pas utiliser de compléments alimentaires à base de mélatonine, à moins d'un avis médical. Ce, afin de ne pas s'exposer à des effets indésirables.

Ceux visés sont :

  • les enfants et les adolescents ;

  • les femmes enceintes et allaitantes ;

  • les personnes immunodéprimées, épileptiques, asthmatiques ;

  • ou encore celles qui sont atteintes de maladies mentales spécifiques.


La mélatonine : le point sur le cadre réglementaire

Une préparation magistrale ou hospitalière ne peut être réalisée qu’en l’absence de spécialité pharmaceutique autorisée et disponible sur le marché. Ces préparations doivent faire l’objet d’une prescription médicale et, pour la préparation hospitalière, d’une déclaration auprès de l’ANSM.

La recommandation de l’ANSM rappelle les indications de la spécialité pharmaceutique à base de mélatonine autorisée (comme les comprimés à libération prolongée), dans le cadre de son AMM (traitement court de l’insomnie primaire chez l’adulte de plus de 55 ans) et de la RTU (traitement des troubles du sommeil liés à un syndrome de Rett, un syndrome de Smith-Magenis, un syndrome d’Angelman, une sclérose tubéreuse ou à des troubles du spectre autistique chez l’enfant de 6 à 18 afin d’en favoriser l’utilisation dans ces indications et d’éviter le mésusage de la mélatonine.


 

Les sources qui m'ont aidée à écrire cet article


(1)

Les mélanocytes sont des cellules situées dans la couche basale de l'épiderme, une des couches de la peau. Leur fonction principale est de produire et de distribuer la mélanine, le pigment responsable de la couleur de la peau, des cheveux et des yeux. La mélanine aide également à protéger la peau contre les dommages causés par les rayons ultraviolets (UV) du soleil. La quantité et le type de mélanine produite par les mélanocytes déterminent la couleur de la peau d'une personne.


 

Bonne nuit

Bonne nuit à tous !





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