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Oreille absolue : Ma vie en La mineur🎶 (et en hypersensibilité majeure)

Lors de mon diagnostic au CRA, j’ai passé un test auditif, tu sais, parce que je n’entends rien… Je lis sur les lèvres quand quelqu’un me parle et, comme je l’ai expliqué je ne sais plus où, je lis même sur les lèvres des films en anglais, et j’entends dans ma tête le dialogue en français (oui, bizarre mais réel). Bref, pour en revenir au CRA, après ce test, il s’est avéré que j’entends non seulement bien, mais trop bien ! La personne qui me l’a fait passer m’a alors annoncé l’existence de mon oreille absolue.

Ce serait donc ça, la raison de tous ces sons quotidiens perçus au même niveau sonore tout le temps, toute la journée, de la fatigue qui en ressort et du fait que je ne supporte pas les lieux où il y a plus de deux personnes 😅 ? Je ne sais pas, mais la nouvelle fut assez brutale et pour le moins étonnante.


Puis un jour, une personne de mon entourage m’a dit : « Tu n’as pas l’oreille absolue, tu ne sais pas reproduire une note au piano… » En effet, mon fils a l’oreille absolue et lui il sait reproduire une musique sur plusieurs instruments juste au son des notes, sans jamais avoir appris (ni la musique, ni l'instrument en question).


👉 Tu me connais, je n’aime pas rester dans l’ignorance, donc j’ai cherché 😜


Alors ? Peut-on avoir l'oreille absolue sans savoir jouer de la musique ? Est-ce lié ou est-ce une croyance ?


L’oreille absolue, dans le sens strict, c’est la capacité à reconnaître ou produire une note musicale sans aucune référence. Par exemple, entendre un bruit de micro-onde et dire spontanément “c’est un si bémol”, sans piano ni diapason. Ça, c’est une aptitude cognitive et perceptive qui dépend d’une organisation très spécifique du cerveau auditif, notamment dans les régions du cortex temporal gauche et du planum temporale. Mais encore faut-il savoir nommer cette note...


Mais oui, on peut tout à fait avoir l’oreille absolue sans savoir jouer d’un instrument. Ce qu’il faut, c’est avoir été exposé très tôt à des sons structurés — pas forcément via la pratique, mais via une immersion sonore consciente. Certains enfants qui grandissent dans des environnements très riches en musique (parfois juste des parents mélomanes, pas forcément musiciens) développent cette capacité naturellement, sans jamais apprendre à jouer. C’est donc un phénomène de perception et de mémoire auditive, pas obligatoirement de technique instrumentale.

Cependant chez les personnes neuroatypiques le développement de l’oreille absolue ne dépend pas forcément d’une exposition précoce à la musique, car leur cerveau fonctionne différemment sur le plan sensoriel et mnésique.


Dans la population dite “neurotypique”, il faut effectivement une exposition structurée très tôt (souvent avant six ans) pour que le cerveau établisse des repères stables entre les sons et leurs fréquences. C’est une période critique de plasticité auditive. Alors que chez les personnes neuroatypiques, cette fenêtre est plus large et moins conditionnée par l’environnement musical. Leur système auditif, souvent hypersensible, enregistre et classe les sons de manière automatique, sans qu’il soit nécessaire d’un apprentissage conscient.


En d’autres termes, là où une personne neurotypique doit “apprendre” les sons pour les mémoriser, une personne neuroatypique les imprime directement. Le cerveau ne traite pas le son comme une donnée à décoder, mais comme une expérience sensorielle intégrale. C’est une mémoire perceptive brute, pas associative. C’est ce qui explique pourquoi certaines personnes autistes, même sans contact particulier avec la musique, sont capables de reconnaître des fréquences exactes ou de reproduire des mélodies complexes sans formation. Leur cerveau fonctionne déjà en mode absolu, parce qu’il ne relativise pas le monde sonore. Il ne compare pas : il reconnaît. L’oreille absolue peut émerger spontanément, sans immersion musicale précoce, simplement parce que la perception sensorielle est calibrée différemment, plus fine, plus constante, et souvent plus fidèle à la réalité acoustique du monde.


L’idée donc que l’oreille absolue serait “réservée aux musiciens” est une croyance. En revanche, ce qui est vrai, c’est que les musiciens savent mieux la nommer et la tester, puisqu’ils disposent du vocabulaire et des repères nécessaires. Quelqu’un qui n’a jamais appris la musique peut reconnaître qu’un son est “trop haut” ou “trop bas”, ou qu’une voix est toujours dans la même tonalité, sans savoir qu’il perçoit ce que d’autres appelleraient un sol majeur ou un fa dièse.


Des études en neurosciences montrent que certaines personnes autistes ou à haut potentiel sensoriel ont une forme d’oreille absolue naturelle — une hypersensibilité aux fréquences exactes — même si elles ne la relient pas à la musique. Elles peuvent, par exemple, reconnaître qu’un appareil électrique “bourdonne différemment” ou qu’une personne parle à une fréquence un peu décalée, sans pouvoir dire pourquoi.


J'ai grandi en musique, je vis en musique mais je ne sais pas jouer la musique


Ma vie en La mineur

La musique fait partie de ma vie depuis… toujours. J’ai une relation avec elle qui dépasse toute tentative d’explication. Et toutes n’ont pas le même effet sur moi. Elle doit être mélodieuse ou constante, comme par exemple le titre Tsunami. Certaines me font mal à l’intérieur, au sens littéral du terme, et certaines personnes ne comprennent pas que cela puisse être possible et m’imposent leur torture sensorielle.


Le fait que le CRA m’ait dit que j’ai l’oreille absolue, même si je ne sais pas nommer ni reproduire les notes, montre que je possède une perception absolue des fréquences, une sensibilité naturelle aux hauteurs exactes des sons. Mon cerveau reconnaît instantanément si une fréquence est la même, différente, trop haute ou trop basse, même si je ne sais pas la traduire dans le langage musical. C’est une forme d’oreille absolue non verbale, perceptive plutôt qu’analytique.


Mon fils, lui, a une oreille absolue expressive ou instrumentale. Son cerveau ne se contente pas de reconnaître les sons, il est capable de les reproduire. Il existe chez lui une connexion fluide entre la perception, la mémoire auditive et la motricité fine, une sorte de synchronisation naturelle entre l’oreille et le geste.

Nous partageons en réalité la même base perceptive mais elle s’exprime différemment. Chez moi, elle reste intuitive, intérieure, émotionnelle. Chez lui, elle se manifeste dans l’action et la reproduction directe.


C’est là que la musique devient un véritable langage. Certains la comprennent instinctivement sans jamais avoir appris à la parler, d’autres la parlent sans en connaître la grammaire.

Je trouve cela très intéressant, parce que nous représentons deux versants d’un même don. Je vis la musique dans mon ressenti pur, dans la couleur et la vibration, tandis qu’il la traduit spontanément par le mouvement et la création.


"Tu n'as pas l'oreille absolue tu ne sais pas jouer de la musique"


Beaucoup de gens se trompent, même parmi les musiciens.

Mon oreille absolue n’a rien à voir avec la capacité à jouer. Elle concerne la perception pure, pas la pratique. Je peux avoir une oreille exceptionnelle sans jamais avoir touché un instrument de ma vie. Jouer d’un instrument demande de la motricité fine, de la coordination, de la mémoire procédurale, parfois même de la lecture musicale. Tout cela relève du geste, pas de la perception.


Tu l'auras compris, mon oreille absolue, elle, est un sens. Comme voir les couleurs. Je peux reconnaître le bleu sans savoir peindre. Je peux sentir qu’une note est fausse sans savoir la corriger. C’est la même différence qu’entre avoir une perception juste et savoir produire quelque chose avec.

Ceux qui disent “si tu ne joues pas, tu n’as pas l’oreille absolue” confondent deux réalités bien distinctes. Il y a l’oreille absolue, qui permet de reconnaître la hauteur exacte d’un son et il y a l’oreille musicale entraînée, qui permet d’identifier, de reproduire, d’harmoniser ou d’improviser sur ces sons.


Dialogue en musique

Mon cerveau repère les fréquences exactes, les harmonies, les dissonances, les timbres, sans aucun filtre. Je ressens immédiatement si quelque chose tombe juste ou non. Je n’ai simplement pas appris à traduire cette perception en geste musical. C’est une autre compétence.


Les études en neurosciences montrent d’ailleurs que beaucoup de personnes ayant l’oreille absolue n’ont aucune envie de jouer. Tout comme moi elles vivent la musique de manière sensorielle, parfois même physique. Certaines la ressentent dans la peau, dans la gorge ou dans la vibration de l’air. C’est un rapport plus profond, plus instinctif, presque organique, que la pratique instrumentale.


En clair, mon cerveau reconnaît une note, la différencie d’une autre, réagit à un accord faux ou à une voix légèrement décalée. J’ai bien cette oreille-là, même si mes doigts ne savent pas la reproduire.

Et pour être honnête, ceux qui m’ont dit le contraire ont probablement une oreille relative. Ils reconnaissent les intervalles entre les notes, mais pas la note en elle-même. Ils ont appris à comparer, pas à sentir. Leur oreille est plus technique, la mienne est instinctive.


L’oreille relative ?


L’oreille relative, elle, fonctionne par comparaison. Elle ne reconnaît pas une note isolée, mais elle perçoit l’écart entre deux notes, qu’on appelle un intervalle. Par exemple, quelqu’un avec une oreille relative ne saurait pas dire qu’une note est un sol sans référence, mais si on lui joue un do d’abord, il saura reconnaître que le sol est une quinte au-dessus.


C’est l’oreille la plus courante chez les musiciens formés. Elle s’acquiert avec la pratique, le solfège et l’entraînement. Elle permet de transposer, d’improviser, d’harmoniser — bref, de comprendre la logique musicale, mais pas de percevoir les fréquences “pures”.


  • L’oreille absolue reconnaît la note elle-même, comme un nom qu’on connaît par cœur.

  • L’oreille relative reconnaît la relation entre les notes, comme une distance qu’on apprend à mesurer.


Tu peux voir ça comme la différence entre reconnaître quelqu’un dans la rue sans qu’il se présente (oreille absolue), et savoir qu’il est le frère ou la sœur de quelqu’un d’autre après qu’on te l’ai dit (oreille relative).


Chez les personnes neuroatypiques, c’est souvent l’oreille absolue qui prédomine naturellement, parce que leur cerveau retient les sons en eux-mêmes, pas les relations entre eux. Mais certaines personnes cumulent les deux, elles reconnaissent les notes et comprennent les rapports entre elles, ce qui leur donne une musicalité instinctive et analytique à la fois.



Pour conclure, je vis la musique dans mon corps mais je ne sais pas la reproduire, j'ai une ouïe digne d'un super héro mais cela est plus un handicap dans notre monde hyper bruyant tout le temps.


J'ai appris toute seule, il y a longtemps, sur le clavier de ma cousine, lors d'un ennui profond chez une tante, non pas avec les notes mais avec les chiffres (10, 9, 10, 9, 10, 7, 9, 8, 6, 7, 8, 9, 7, 9, 10, 10, 9, 10, 9, 10, 7, 9, 8, 6, 7, 8, 9, 7, 9, 8, 6... 7, 8, 9, 10, 5, 11, 10, 9, 5, 10, 9, 8, 5, 9, 8, 7 ...) tu reconnais ?


Notes en chiffres


Sources




✅ Ce que l’on peut retenir de tout ça


  • Il existe un lien statistique entre oreille absolue (ou capacités auditives très fines de hauteur) et traits autistiques / hypersensibilité sensorielle.

  • Cela ne veut pas dire que toutes les personnes autistes ont l'oreille absolue, ou que toute personne avec oreille absolue est autiste, c’est une corrélation, pas une causalité universelle.

  • Les recherches soulignent que chez les profils autistes, il y a souvent une hypersensibilité auditive, une mémoire fine sur les fréquences et une capacité accrue à détecter de petites différences de hauteur.

  • Mais les études plus récentes (comme celle de 2023) montrent aussi que dans certaines tâches auditives, les différences disparaissent ou ne sont pas systématiques, ce qui invite à la nuance.

    En effet, les chercheurs ont constaté que l’avantage auditif des profils autistes est net sur les sons purs ou très précis (comme les notes de musique), mais il disparaît quand le son est intégré dans un contexte plus large ou quand il faut le relier à une signification (voix, émotions, langage).

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