Chien, chat… et si j’adoptais un lapin ? Les animaux et l’autisme, entre réconfort et assistance
- Noelle

- 29 sept.
- 5 min de lecture
J’avoue, les animaux me touchent plus que les humains. Les humains sont bruyants, exigeants et parfois cruels. Les animaux, eux, ne prétendent pas être autre chose que ce qu’ils sont. Ils ne cherchent pas à manipuler, ils ne jouent pas avec les apparences. Ils existent, simplement, avec leur chaleur, leur douceur et leurs regards qui disent tout sans un mot. Chez moi il y a déjà un chien et un chat, deux compagnons qui occupent leur place à leur manière, et pourtant je rêve d’avoir un lapin. Pas pour remplacer l’un ou l’autre, mais parce que chaque animal offre une présence différente, un langage particulier, une façon unique de créer du réconfort.
Eliot par exemple, est un compagnon fidèle, toujours prêt à sortir, à accompagner, à vibrer au même rythme que moi. Il capte mes émotions, s’excite quand je suis joyeuse, se calme quand j'ai besoin d’apaisement. Millow, lui, impose son indépendance mais il choisit ses moments pour venir se lover contre moi, et ce choix donne à son affection une saveur particulière.

Un lapin serait ce petit être discret et tendre dont la simple observation pourrait suffire à ralentir la course intérieure de mon esprit saturé. Voir un lapin grignoter, le caresser du bout des doigts, sentir son souffle minuscule peut être une expérience profondément apaisante.
Dans le quotidien de l’autisme, cette proximité animale prend une dimension plus forte. Les relations humaines sont bien souvent envahissantes, incompréhensibles ou douloureuses, mais un animal ne demande pas de décoder des intentions cachées ni de s’ajuster à des normes sociales. Il est là, sans condition, et c’est ce qui rend le lien si précieux. Nourrir un lapin chaque matin, donner des croquettes à Millow, sortir Eliot, toutes ces petites habitudes créent des repères stables, et c’est souvent ce qui manque quand les émotions débordent ou que le monde extérieur devient trop chaotique. Les animaux ne jugent pas (enfin si, Millow me juge tout le temps 😅), ils ne posent pas de questions, ils partagent simplement leur présence, et c’est parfois suffisant pour traverser une crise ou retrouver un peu de calme.

À côté de ces compagnons choisis par amour ou par instinct, il existe une autre catégorie d’animaux qui jouent un rôle spécifique auprès des personnes autistes : les chiens d’assistance.
Leur présence ne repose pas seulement sur l’affection, elle s’inscrit dans un projet réfléchi et encadré. Ces chiens sont formés pendant près de deux ans pour apprendre à intervenir dans des situations précises : sécuriser un enfant qui se perd ou qui s’élance soudainement dans la rue, interrompre une crise en se couchant contre lui, apaiser une montée d’angoisse lors d’une sortie, encourager la socialisation en devenant un point de contact entre la personne autiste et les autres. Là où un chat, un lapin ou un chien de compagnie offrent un réconfort spontané, le chien d’assistance est préparé pour être un véritable partenaire de vie.
En France, des associations comme Handi’Chiens ou Auticea se sont spécialisées dans ce domaine. Handi’Chiens propose des chiens d’éveil pour les enfants autistes, capables de soutenir les apprentissages et de rassurer dans les moments difficiles. Auticea, de son côté, forme des chiens destinés aux adultes autistes, pour les aider à gagner en autonomie et à mieux gérer les situations stressantes. Dans les deux cas, la formation est exigeante, longue et coûteuse, mais les familles ne déboursent rien au moment de la remise. Ces chiens ne remplacent pas les animaux de compagnie classiques, ils remplissent une mission différente, pensée pour répondre à des besoins concrets liés à l’autisme.
Alors bien sûr, tout le monde n’a pas besoin d’un chien d’assistance. Tout le monde n’a pas non plus la place ou l’envie d’adopter plusieurs animaux. Mais il est précieux de savoir que les options existent, qu’elles vont du simple réconfort d’un lapin qui respire doucement dans ses moustaches au soutien spécialisé d’un chien formé pour protéger et accompagner. Chacun de nous, dans nos parcours singuliers, trouve son équilibre différemment.
Moi, je sais que mes animaux me touchent plus que beaucoup d’êtres humains, et qu’ils m’apportent une paix que je n’ai jamais trouvée ailleurs. C’est pour cela que même avec mes deux petits potos, j’ai ce désir tenace d’ajouter un lapin à la famille. Parce qu’au fond, il n’y a jamais trop de douceur dans une maison où l’on vit avec l’autisme.

Les associations qui forment et accompagnent les chiens d’assistance
Handi’Chiens
C’est probablement l’association la plus connue en France dans ce domaine. Elle existe depuis 1989 et s’est spécialisée dans la formation de chiens d’assistance pour différents types de handicaps. Pour l’autisme, elle propose des chiens d’éveil destinés aux enfants. Ces chiens suivent près de vingt-deux mois d’éducation avant d’être confiés gratuitement à une famille. Leur rôle est multiple : apaiser l’enfant lors de moments d’anxiété, l’encourager à développer des gestes du quotidien, sécuriser les sorties et favoriser la socialisation. Le chien devient un médiateur affectif, capable de créer un lien entre l’enfant et le monde extérieur. Les familles sont accompagnées dans cette démarche, car il ne s’agit pas seulement d’accueillir un animal, mais d’intégrer un partenaire formé dans leur quotidien. Handi’Chiens est implantée dans plusieurs régions de France et s’appuie sur un réseau de familles d’accueil bénévoles qui prennent soin des chiots pendant leur apprentissage.
Auticea
Auticea est une structure plus récente mais très innovante, dédiée spécifiquement aux adultes autistes. Là où Handi’Chiens s’oriente davantage vers les enfants, Auticea pense aux besoins des adultes qui cherchent à gagner en autonomie et en stabilité émotionnelle. Le chien formé peut apprendre à intervenir lors d’une crise, à interrompre certains comportements répétitifs ou dangereux, à sécuriser les déplacements et à créer un repère constant dans la vie quotidienne. Auticea met aussi un accent fort sur l’accompagnement après la remise du chien. Les bénéficiaires ne sont pas laissés seuls, l’association continue de suivre le binôme maître-chien pour s’assurer que l’intégration se fait dans les meilleures conditions. Comme pour Handi’Chiens, la remise du chien est gratuite, mais le processus de sélection est rigoureux afin de s’assurer que la personne et l’animal formeront une véritable équipe.
FCAPI (Formation de Chiens d’Accompagnement pour Personnes en situation d’Incapacité)
Moins connue que les deux précédentes, la FCAPI est une association implantée en Loire-Atlantique qui forme aussi des chiens d’assistance. Elle travaille avec des familles et des éducateurs spécialisés pour préparer des chiens capables d’accompagner des enfants ou des adultes présentant un trouble du spectre de l’autisme. L’approche de la FCAPI est plus personnalisée : elle met en avant le travail en collaboration avec les familles dès le début du projet, afin de s’assurer que le chien correspond aux besoins spécifiques de la personne. La formation passe par des apprentissages classiques (obéissance, socialisation) mais aussi des exercices adaptés à l’autisme, comme le fait de rester calme face à une crise ou de sécuriser des situations stressantes. Comme les autres associations, la FCAPI s’appuie beaucoup sur les dons et sur la mobilisation de bénévoles pour financer ces formations longues et coûteuses.
J’ai lu quelque part qu’un chat n’est pas un médicament. C’est vrai, et heureusement. Car si c’était un médicament, il suffirait de l’avaler avec un verre d’eau et l’histoire serait finie. Un animal n’efface pas les difficultés, mais il peut transformer la manière dont on les traverse. Il accompagne, il apaise, il donne une chaleur que n’apporte aucune pilule.










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