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Rêve lucide et personnes atypiques : des études s'y intéressent

  • Photo du rédacteur: Noelle
    Noelle
  • il y a 4 jours
  • 8 min de lecture

Depuis toujours, je sais que je rêve. Quand ça commence à mal tourner, quand le décor devient trop étrange ou l’ambiance trop oppressante, je me répète en boucle : "Réveille-toi, réveille-toi..." et paf, me voilà dans mon lit, en nage, le cœur qui bat à cent à l’heure. Parfois, c’est encore plus déroutant parce que je me réveille dans un rêve… où je dois encore me réveiller. Je rêve que je rêve, et il faut que je m’en sorte à plusieurs étages de conscience, comme si je devais grimper les niveaux d’un jeu un peu tordu pour revenir à la réalité.

Il y a deux rêves qui reviennent depuis ma plus tendre enfance. Toujours les mêmes et pas vraiment sympas. À force, j’ai fini par m’intéresser au sujet. Je pensais naïvement que tout le monde pouvait faire ça, ce petit hack mental pour sortir d’un cauchemar, ou même parfois modifier le scénario. Mais non.


Alors, pourquoi certaines personnes peuvent-elles prendre le contrôle de leurs rêves… et d’autres pas ? C’est ce que j’ai voulu comprendre.



Un rêve lucide c'est quoi ?

Un rêve lucide, c’est un rêve dans lequel tu prends conscience que tu es en train de rêver, au moment même où tu es en train de rêver. Et ce n’est pas juste une pensée floue ou un pressentiment mais une vraie lucidité, comme si ton cerveau se disait soudain : "Ah mais attends... ce monde bizarre avec un chat qui parle, c’est pas réel. Je suis en train de dormir !"


Et là, magie. Parce que dès que tu prends conscience que tu rêves, tu peux parfois interagir, comme si tu étais aux commandes. Tu peux choisir de voler, de parler à un personnage, de modifier le décor, de t’échapper d’un cauchemar, ou simplement d’observer. C’est comme être réalisateur et acteur de ton propre film pendant que tu dors.


Dans un rêve classique, tu es plongé dedans sans recul, tu acceptes tout ce qui se passe, même les trucs les plus absurdes. Un éléphant rose qui fait du roller dans ton salon ? Logique. Dans un rêve lucide, ton cerveau garde une forme de réflexion consciente. Tu peux te poser des questions, tester des choses, parfois même prendre des décisions logiques.

C’est une expérience assez dingue, qui mêle imagination, liberté totale, et conscience. Et non, tout le monde ne le vit pas naturellement mais il paraît que cela peut s'apprendre...



Les personnes atypiques semblent plus concernées par les rêves lucides que la moyenne

Mais attention, ce n’est pas une règle universelle. Il ne s’agit pas d’un "super-pouvoir réservé aux neurodivergents", mais il existe des facteurs communs entre les profils atypiques (TSA, TDAH, HPI, hypersensibles…) qui peuvent favoriser l’apparition de rêves lucides, ou en tout cas de rêves plus intenses, plus bizarres, plus "interrogeables".


Pourquoi ?

Parce que :

  1. quand ton cerveau ne s'arrête jamais, qu’il cogite en boucle, qu’il pense en "arborescence" ou qu’il analyse tout, il est plus probable qu’il reste partiellement actif pendant le sommeil. C’est exactement ce qu’il faut pour que la lucidité émerge pendant un rêve.

  2. Certaines personnes TSA ou HPI repèrent plus facilement les incohérences ou les bizarreries dans leur environnement. Cette capacité peut se transférer dans les rêves : "Tiens, cette pièce n’a pas de plafond, ce n’est pas normal." Et là, bim, le cerveau réalise qu’il rêve.

  3. Les micro-réveils, les phases de sommeil paradoxal raccourcies ou enchaînées bizarrement peut augmenter la probabilité de devenir lucide. C’est d’ailleurs pour ça que beaucoup de techniques de rêve lucide consistent à se réveiller vers 4h du matin, puis se rendormir intentionnellement : les TDAH n’ont même pas besoin de technique, ils le font déjà sans le vouloir.

  4. Chez les personnes autistes ou très sensibles, les rêves peuvent être extrêmement visuels ou émotionnels. Et quand l’intensité est là, c’est plus facile de remarquer qu’il y a un "bug dans la matrice". Cette intensité favorise la prise de conscience, donc la lucidité.


Mais bien évidemment, ce n’est pas systématique. Toutes les personnes neuroatypiques ne font pas de rêves lucides, et certaines en font naturellement. Ce qui fait surtout la différence, c’est la conscience de soi, la mémoire des rêves, et la capacité à se poser des questions pendant le sommeil (ce qu’on appelle la métacognition).


Si tu fais partie de ceux qui en ont déjà vécu sans le savoir (ou en pensant que c’était "normal"), c’est peut-être le moment de te pencher sérieusement sur la question. Parce que ce n’est pas juste un phénomène fascinant… c’est aussi un outil d’exploration de soi.



Ce qu'en disent les études

Il existe quelques études et observations scientifiques qui suggèrent un lien entre les rêves lucides et les profils neuroatypiques, en particulier chez les personnes TDA/H, TSA, ou encore les HPI. Ce ne sont pas encore des recherches très nombreuses ni totalement consensuelles, mais voici un aperçu des points importants qui émergent :


🔎 TDA/H


  • Les personnes avec un TDA/H ont souvent un sommeil fragmenté ou plus léger, ce qui augmente les chances de prise de conscience pendant un rêve

  • Ont une imagination très active, ce qui rend les scénarios oniriques plus intenses et donc plus faciles à reconnaître comme "pas réels"

  • Peuvent faire plus souvent des rêves vifs, étranges ou émotionnellement chargés, propices à la lucidité


💡 Une étude de 2018 suggère que les personnes avec des traits d'inattention élevés auraient plus de facilité à expérimenter la lucidité en rêve. Cela pourrait être lié à une hyperactivité du mode par défaut du cerveau (celui qu’on utilise quand on "plane" ou qu’on pense sans but précis), très actif chez les profils TDA/H.



🧩 TSA

Pour les personnes autistes, les choses sont plus nuancées.

Les recherches montrent que :

  • Les rêves sont souvent moins narratifs mais très sensoriels, visuels, voire "structurés autrement"

  • La frontière entre rêve et réalité peut être perçue différemment, ce qui peut soit faciliter la lucidité… soit la rendre moins perceptible selon la personne


👉 Certaines personnes TSA rapportent faire des rêves très immersifs et riches, mais avec un sentiment de contrôle plus limité, ou au contraire un hyper-contrôle. La lucidité dépend alors de la capacité à analyser le rêve en temps réel, ce qui est parfois difficile en cas de rigidité cognitive.



🧠 HPI et hypersensibles

Beaucoup de personnes HPI ou hypersensibles racontent faire :


  • Des rêves très riches, parfois prémonitoires

  • Des rêves lucides spontanés

  • Des expériences proches de la paralysie du sommeil ou de la sortie du corps (OBE)


Une hypothèse est que la suractivation mentale (surtout le soir) et la pensée en "arborescence" favorisent la prise de conscience dans le rêve.


Ce que la recherche dit (ou commence à dire)

  • Le Dr Stephen LaBerge (pionnier du rêve lucide) a montré qu'il est possible de communiquer avec un rêveur lucide pendant son sommeil, en suivant ses mouvements oculaires.

  • Des études en IRM montrent que le rêve lucide active les zones frontales du cerveau liées à la métacognition (penser sur ses pensées), souvent très développées chez les profils HPI ou certains TSA.

  • Des recherches récentes s'intéressent à l’usage du rêve lucide pour réduire l’anxiété, explorer l’identité, ou désamorcer les cauchemars chroniques, notamment chez les personnes atypiques.



Mon rêve lucide à moi récurrent N°1 - Tentative d'explication

(Peut-être un jour je vous raconterai le n°2)

rêve lucide

C'est toujours le même décor, la même ambiance et les mêmes personnes.

J’étais avec mes deux cousines. On a grandi ensemble, on était inséparables, presque comme des sœurs. Dans le rêve, on montait un escalier déformé, pas droit avec des marches de tailles différentes. Plus on montait, plus il se rétrécissait. Jusqu’à ce que je reste coincée. Elles, elles passaient. Moi, non. J’étais bloquée, compressée, enfermée, impossible d'aller plus loin. Et je me réveillais toujours au moment où la panique commençait à monter.


Ce rêve, je ne l’ai pas oublié parce qu’il ne s’est pas contenté de visiter mes nuits, il a hanté mon quotidien d’enfant, puis d’adolescente, et peut-être même encore aujourd’hui, à d’autres formes.


L'escalier, c’est souvent une métaphore du cheminement, d’une évolution, d’un désir de s’élever ou de changer de niveau. Je monte, donc je cherche à progresser, à aller vers quelque chose de plus haut, de plus mûr, ou à m’éloigner de quelque chose d’infantile ou de pesant.

Mais voilà…


Là, c’est l’angoisse. La montée devient impossible, l’espace se ferme. C’est une claustrophobie symbolique, peut-être liée à un sentiment d’être enfermée dans un schéma, une attente sociale ou familiale, ou même une limitation interne (auto-censure, peur de décevoir, etc).

Je veux avancer, mais le chemin se bloque. C’est comme si ma trajectoire personnelle était étouffée par des contraintes invisibles, ou que j'avais peur d’évoluer sans pouvoir emmener les autres avec moi.


Si on relie ça au TSA et au TDA/H

Ce rêve peut aussi évoquer très concrètement le sentiment d’inadéquation. Vouloir faire comme les autres (monter l’escalier, continuer sa route), mais se rendre compte qu’on ne fonctionne pas pareil, qu’on se heurte à des obstacles que les autres ne semblent même pas percevoir.

Et puis l’aspect claustro parfois très sensoriel : les personnes autistes sont souvent plus sensibles à la sensation d’étouffement, à l’espace qui rétrécit, au manque de contrôle sur leur environnement. Ça peut aussi représenter l’intrusion des autres dans mon espace psychique ou corporel.


Souvent, quand un rêve répétitif disparaît, c’est qu’on a trouvé un nouveau chemin, une autre façon d’exister ou de penser. Mais ce n'est mon cas, il est moins récurrent mais il revient parfois...


Mes cousines, elles, montent, passent les étapes de la vie : école, copains, adolescence, premier amour, travail, autonomie. Mais moi, je reste coincée juste parce que le chemin tel qu’il est tracé n’est pas fait pour toi.


C’est aussi l’image d’un monde qui se ferme autour de moi. Plus je veux grandir, m’élever, sortir du cadre… plus je me heurte à des murs invisibles. Ça peut représenter :


  • l’incompréhension des autres face à mes besoins

  • le fonctionnement "scolaire" ou social qui me limite

  • le regard familial, parfois gentil, mais carrément pas adapté

  • mes propres stratégies d’adaptation qui m’ont enfermée au lieu de m’aider


Et pendant ce temps-là, les autres passent facilement. Ça renforce le sentiment d’être « défectueuse », alors qu’en réalité, ce n’est pas moi le problème, c’est la forme de l’escalier !



Aujourd'hui j'ai quitté les chemins balisés, je suis devenue blogueuse, entrepreneure, autrice. J'ai créé mon propre escalier. Il est peut-être un peu de travers, en colimaçon, décoré avec des paillettes et des stickers de licorne, mais il est à ma taille.


Et ça, c’est un truc que mes cousines n’ont jamais fait 😜



Tu trouves cela tordu ? ou intéressant ?

Peut-être un peu des deux, non ? Parce que être atypique c'est aussi vivre entre des mondes, explorer ce que d’autres ne voient même pas, chercher du sens dans l’absurde, et parfois… rêver pour de vrai.

Moi, j’ai longtemps cru que tout le monde pouvait faire ça. Se réveiller dans ses rêves. Changer le scénario. Recommencer. Mais non. C’est un truc de cerveau tordu, sûrement. Un truc de cerveaux qui ne dorment jamais tout à fait.


Et si toi aussi, tu as déjà eu ce genre de rêve — ou l’envie d’en faire — alors accroche-toi parce qu’il existe tout un univers à explorer pendant ton sommeil. Un univers où tu n’as plus à t’adapter. Un univers où c’est toi qui décides.

Tiens ça m'a donné envie d'écrire un guide sur le sujet tout ça (oui Psychodia, encore un 😅)

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