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L’ennui est une agression sensorielle pour certains cerveaux

  • Photo du rédacteur: Noelle
    Noelle
  • 14 juil.
  • 3 min de lecture
ennuie

Il y a une phrase qui m’irrite profondément. Une de celles qu’on entend souvent, balancées avec condescendance par des adultes sûrs d’eux : “C’est bien qu’il s’ennuie un peu, ça stimule la créativité.”

Alors déjà, non, pas toujours. Et surtout, pas chez tout le monde.


Parce que pour certaines personnes – dont moi – l’ennui n’est pas une zone calme, lente, inspirante. C’est un vide anxiogène, un chaos intérieur, une perte totale de repères. Et pour beaucoup d’enfants neuroatypiques, c’est pire encore.


Quand un cerveau fonctionne à pleine vitesse, qu’il est constamment traversé par des pensées, des images, des sensations, des élans moteurs ou émotionnels… l’ennui devient une situation d’urgence intérieure. C’est comme enlever toutes les stimulations à un radar hypersensible et lui dire : “reste tranquille”.

Mais ce radar ne peut pas “rester tranquille”. Il va tourner en boucle, s’emballer, chercher désespérément de quoi se nourrir. Et si rien ne vient de l’extérieur, alors l’agitation monte, l’angoisse déborde, et les comportements explosent.


Apprends à t'ennuyer !

Ce conseil classique est totalement déconnecté de la réalité pour certains enfants. Ce que j’entends souvent, c’est : “il faut que les enfants apprennent à s’ennuyer, sinon ils deviennent dépendants des écrans, incapables de se poser”. Mais ce raisonnement part d’un postulat neurotypique : que l’ennui serait une étape naturelle vers la créativité, un espace de silence intérieur.


Or pour un enfant TDAH ou TSA, ce “silence” est souvent une cacophonie interne.


Tu veux un exemple ?

Prends un enfant qui a des pensées intrusives en boucle, une hypersensibilité émotionnelle, une intolérance à l’inactivité, une régulation émotionnelle fragile. Tu le poses dans un coin avec un “ennuie-toi”, et tu t’étonnes ensuite qu’il saute partout, grogne, tape, ou s’effondre.


L’ennui est une agression sensorielle

Oui, tu as bien lu : agression sensorielle.

Ce n’est pas une métaphore. Chez certaines personnes, l’absence de stimulation extérieure provoque une surcharge intérieure.

Le corps cherche un repère sensoriel. Le cerveau cherche un point d’accroche. Les émotions cherchent une issue. Et à défaut, c’est le corps qui prend le relais : hyperactivité motrice, gestes répétitifs, mouvements brusques, cris, grincements, énervement, parce que l’enfant est en détresse.


Dire à un enfant en souffrance “c’est bien que tu t’ennuies” revient à lui dire “c’est bien que tu sois en train de paniquer, tu vas apprendre”. Mais ce n’est pas ça, apprendre.

Apprendre, c’est comprendre son fonctionnement, avoir des outils adaptés, être soutenu dans sa différence.


Plutôt que de forcer l’enfant à “s’ennuyer”, on pourrait :

  • L’aider à identifier ce dont il a besoin : du mouvement, de la créativité, de la régulation, de l’exploration ?

  • Créer avec lui une boîte d’activités à énergie variable : des idées pour les moments calmes, des idées pour les moments agités, et des rituels pour s’apaiser sans ennui forcé.

  • Accepter que certains cerveaux ont besoin d’être stimulés en permanence, non pas par caprice, mais par nécessité neurologique.


On n’a pas tous les mêmes câblages, les mêmes seuils, les mêmes besoins. L’ennui n’est pas toujours une bonne chose. Il peut être vécu comme un abandon, une souffrance, une déconnexion du monde réel.

Alors si ton enfant a l’air “trop dépendant des stimulations”, ne le gronde pas. Demande-lui ce qu’il ressent quand il ne fait rien. Tu pourrais être surpris-e par la profondeur de sa réponse.

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